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Le triton marbré




Le Triton marbré est une espèce dont l’aire de répartition mondiale englobe une grande partie la France occidentale, le centre et le nord de l’Espagne ainsi que le nord du Portugal (Duguet & Melki, 2003).

En France l’espèce est globalement bien présente dans le Sud et l’Ouest et semble limitée au Nord par la Seine qu’elle ne franchie que dans l’Ouest de la Seine-et-Marne et dans l’Essonne et à l’Est par le bassin de la Loire, le Sud du Massif central et le Gard.

Aujourd’hui, on signale le Triton marbré en déclin dans la limite Nord de sa répartition (Île-de-France), mais aussi en Poitou-Charentes (Duguet & Melki, 2003).

Le Triton marbré est mentionné parmi les espèces « Vulnérables » dans le livre rouge des vertébrés de France (Maurin, 1994). Par contre, l’espèce a été classée en catégorie « Préoccupation mineure » dans la liste rouge nationale élaborée selon les critères UICN (UICN France et al., 2009).

Le Triton marbré est une espèce emblématique des paysages bocagers de l’ouest de la France. En Indre, la quasi-totalité des populations de Triton marbré se situe là où le réseau de haies est le plus important.

En dehors de la saison de reproduction on peut parfois en trouver dans les bois et les landes relativement secs où il se cache sous des pierres, troncs morts, murs de pierres sèches (Arnold & Ovenden, 2007). Dans le Centre-Ouest il fréquente souvent des surfaces plus ou moins boisées, sur des sols assez acides et pauvres en éléments nutritifs (platières, prairies, landes à bruyères, à genêts, ajoncs, fougères, garrigue…) (Duguet & Melki, 2003 ; Zuiderwijk, 1989 in Castanet & Guyétant, 1989). La végétation, en particulier les buissons et les forêts, offre un abri au cours de la phase terrestre (Marty et al., 2005). Les talus des haies situées à proximité des mares sont utilisés pour hiverner, voire estiver (Boissinot & Grillet, 2010). Le Triton marbré apprécie les paysages vallonnés avec des zones forestières fraîches comportant beaucoup de refuges disponibles où se cacher (School & Zuiderwijk, 1981). Sur le pourtour méditerranéen, le Triton marbré est cependant rare en forêt (Duguet & Melki, 2003).

Durant sa phase aquatique, le Triton marbré fréquente des plans d’eau variés souvent de bonne dimension mais on peut également le trouver dans des dépressions de la taille d’une ornière temporaire ou permanente. Il semble peu exigeant sur la qualité de l’eau qui peut être oligotrophe ou mésotrophe et même légèrement acide ou saumâtre. Les mares sont souvent mais pas nécessairement exposées au moins en partie au soleil et sont de préférence riches en végétation (Duguet & Melki, 2003 ; School & Zuiderwijk, 1981).

Au final, la phase aquatique du Triton marbré est courte et c’est l'habitat terrestre qui semble être plus déterminant dans l’habitat de cette espèce. Par exemple, les juvéniles sont exclusivement terrestres. Cela pourrait expliquer le succès de cette espèce dans les forêts et les sites non perturbés (School & Zuiderwijk, 1981).

La régression importante des populations de Triton marbré est expliquée par les changements d’occupation et de gestion du sol qui résultent des changements dans la production agricole et de l’accroissement des aménagements urbains et routiers en Europe au cours des cinq dernières décennies (Arntzen & Wallis, 1991 ; Boissinot, 2009).

Ainsi, les remembrements parcellaires, la destruction des haies, le comblement des mares provoque la destruction de l’habitat des Tritons marbrés et par conséquent le déclin des populations (Arntzen & Wallis, 1991 ; Zuiderwijk,

1989 in Castanet & Guyétant, 1989). Ces modifications entraînent la destruction et la fragmentation de l’habitat terrestre mais aussi aquatique du Triton marbré (Arntzen & Wallis, 1991 ; School & Zuiderwijk, 1981).

Par exemple, la conversion des parcelles boisées en prairie dans le sud de la Mayenne, la conversion du bocage en culture de maïs en Aquitaine et l’enrésinement dans les landes jouent en défaveur de l’espèce (Duguet & Melki,

2003 ; School & Zuiderwijk, 1981).

Le Triton marbré est une espèce inféodée aux bocages, aux milieux forestiers et aux milieux humides (mares)

(Boissinot & Grillet, 2010 ; Duguet & Melki, 2003). L'hétérogénéité du paysage génère une plus grande gamme de micro-habitats, qui fournissent des abris appropriés durant les différentes périodes de migration du Triton. Ces abris différent selon la saison et d’une manière générale selon les conditions climatiques.

La qualité des macro habitats entourant les sites de reproduction est très importante, la végétation, en particulier les buissons et les forêts, offrent un abri au cours de la phase terrestre pour les Tritons marbrés (Duguet & Melki, 2003 ; Marty et al., 2005). Un suivi par radiotracking souligne par exemple l’importance des terriers de micromammifères, fournissant un abri aux Tritons marbrés en phase de migration (Jehle & Arntzen, 2000). En Deux-Sèvres, la stabilité du paysage bocager, notamment du linéaire de haie (période 1959-2002) est un facteur qui influence significativement la présence de l’espèce (com. pers. Boissinot, 2012).

Durant sa migration, le Triton marbré a besoin également d’abris pour se protéger contre la dessiccation et la prédation (Marty & al, 2005). La destruction des micro-et méso-habitats utilisés comme abris pourrait donc avoir une incidence directe sur les populations de Tritons en augmentant les coûts de migration et les risques de mortalité (Marty & al, 2005).

La présence de boisements périphériques influence en priorité la direction prise par le Triton marbré lorsqu’il quitte la mare de reproduction (Boissinot & Grillet, 2010 ; Marty et al., 2005). Il semble par ailleurs éviter les zones arides au profit de zones avec un couvert végétal plus dense lors de ses migrations (buissons, arbres, galeries de rongeurs) (Jehle & Arntzen, 2000 ; Marty et al., 2005).

Dans sa thèse, Boissinot (2009) a analysé les paramètres du paysage influençant la présence du Triton marbré dans une région bocagère du département des Deux-Sèvres (79). On peut retenir principalement que :

- le linéaire de haies influence positivement et significativement la présence de l’espèce. La probabilité de présence moyenne est croissante quand le linéaire de haies est important dans un périmètre de 200 m,

- les fortes proportions de boisement dans un rayon de 200 m depuis la mare de reproduction influence positivement la probabilité de présence de l’espèce,

- les importantes proportions d’espaces cultivés dans un rayon de 25 m autour de la mare influencent négativement et significativement la probabilité de présence moyenne du Triton marbré,

- La présence d’une forte concentration de route autour de la mare influence négativement l’espèce sur une vaste échelle de 300 à 3000 m.


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